EXPO CHE GUEVARA : LA REVOLUTION SUR 2 ROUES

Le diable se cache souvent dans les détails. 

Quitte à surgir sur 2 roues dans un lieu incongru.

La Mairie de Paris expose une moto dans ses salons ! 

Quoi ?? Un véhicule motorisé garé sur un autel au coeur du Temple de la circulation douce ??!! 

Alerte, il y a un Démon dans l'Hôtel Devil !!! 

Pas d'angoisse, il s'agit d'un véhicule révolutionnaire.

Mais pas écologiquement parlant.

Les vapeurs qui s'exalent de ce véhicule fleure bon la révolution bolivarienne : c'est la bécane du Che ! 

Evacuons toutes particules de méprise. Ernesto n'était pas fan de Johnny mais de Paris.

A l'occasion du 50e anniversaire de sa disparition, la Ville présente "Le Che à Paris". 

L'expo s'épanche sur son parcours et se penche sur ses séjours parisiens.   

D'aucuns dénoncent l'initiative de l'édile parisienne.  "Le Diable s'habille en Pravda" fustigent les plus véhéments…

"Hein ?  Une expo consacrée à un bolchévique financé par ma taxe d'habitation !", s'étouffe mon grand-père, gaulliste canal historique.

Plutôt hostile à la visite, Papy fait de la résistance. Je décide de négocier une trève en invoquant l'Esprit de Noël.

Mon aïeul, inoxydable automobiliste, consent à pénétrer dans l'expo en conduite accompagnée. 

La visite fut brève, surprenante donc instructive. Notamment pour l'annecdote qui suit. 

Ernesto Guevara avait une fascination pour le Louvre, plus précisément pour un tableau : "La Nef des Fous" de Jérome Bosch (1450 -1516).

Une parabole de la folie du capitalisme ? Que neni. Le lien était beaucoup plus personnel … 

Cette peinture irrévérencieuse à l'endroit de l'Eglise sentait bon le bucher. La vanité hérétique du Flamand aurait pu le conduire tout droit vers les flammes.

Parmi ceux qui prirent sa défense, un Aïeul du Che, Felipe de Guevara, dignitaire de la couronne d'Espagne en Flandres. D'où cette passion, non pour le Christ mais pour cette oeuvre.

Le thème de la Nef des Fous est abondamment revisité tout au long de l'expo par plusieurs artistes. Il sert de fil … Rouge !

Paris c'est un peu Che lui. Ernesto parle français et il y a ses habitudes.

On apprend que lors de ses venues, El Commandante séjournait exclusivement dans le 8e arrondissement. A proximité des Champs ou avenue Foch. "Un chantre de la révolution douce" ironise Papy … omettant de lire le cartel précisant que l'avenue Foch était le lieu de l'ambassade cubaine.

Pour le "candide", l'expo éclaire le parcours du Che comme un sentier lumineux. 

On apprend sa passion militante pour le sport, la lecture et même la phytotérapie. Révolution verte, révolution rouge, mon Papy passe peu à peu à l'orange… 

Telle l'idole des jeunes, on découvre son portrait glamour en une d'un magazine d'ados. Ambiance plus "Salut Camarade" que "Salut les Copains".

On connait son âme révolutionnaire, on connait moins son asthme chronique. "D'où son aspiration à changer certains régimes ?" exulte mon Papy !

Fidèle à Castro et à ses habitudes, l 'argentin apparait souvent un cigare en bouche, moins avec un club de golf. L'une des images les plus inattendues de l'expo ! 

Plus proches des clichés, on s'attarde avec fascination sur la photo mythique  réalisée en 1960 par Alberto Korda. Une image exaltante, symbole d'insurrection. On apprend qu'elle fut prise lors d'un enterrement …  

Au fond de l'expo, on entend presque rugir le véhicule sur lequel il a conduit la révolution. 

Une Norton cc 500. Une anthologie ! Techniquement et politiquement. Une fumeuse légende de bikers prétend que c'est sur sa moto, en changeant de régime qu'il eut l'idée de renverser celui de Batista* avec Castro. Une légende aussi boueuse que la baie des Cochons … En revanche, c'est bien sur ce modèle que le Che traversa en 1952 le continent sud américain. 

Guide de la Révolution, Guide du routard, 2 outils aussi précieux qu'une clé de douze pour le motodidacte rebelle.

A La Havane, tous les chemins mènent aux rhums. Le nôtre nous mène à la sortie. Grand Père pose sa main sur mon épaule.

Verdict malicieux de Papy : "Il aurait dû participer aux 24 heures dément".

* Le régime de Fulgencio Batista fut déposé par la révolution cubaine, le 1er janvier 1959.

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